L'Album du diable. Les tentations de Félicien Rops 19 octobre 2024 - 9 mars 2025

Entre 1878 et 1882, Félicien Rops travaille avec passion sur des dessins qui comptent aujourd’hui parmi ses chefs-d’œuvre, dont la célèbre Pornocratès. Durant cette période, il crée un album de 114 dessins intitulé Les Cent légers croquis sans prétention pour réjouir les honnêtes gens. Dans cet ouvrage, Rops dépeint avec humour sa vision des mœurs amoureuses de la société de son temps.

En parallèle, il conçoit un album diabolique qui illustre le pouvoir de la femme fatale. Rops écrit : « Continuer ce demi nu dans l’Album du Diable en y joignant le nu, comme j’ai refait dans la Tentation de St Antoine, toute cette mythologie païenne si belle, si franchement nue & amoureuse, & que personne n’a jamais osé faire. J’y apporterai, je crois, une façon toute nouvelle de l’interpréter. » En 1881, il annonce avoir réalisé soixante-cinq dessins pour cet Album du Diable qui ne verra jamais le jour. La plupart de ces œuvres restent méconnues.

En 1878, Rops mentionne: « Je finis une Tentation de St Antoine qui est bien curieuse. Le diable a ôté le Christ de la croix pour vexer St Antoine et il y a collé une femme nue. St Antoine en proie aux désirs libidineux se précipite à son prie-Dieu et recule épouvanté. Le cochon est stupéfait ». À partir de ce dessin, l’exposition explore divers thèmes chers à Rops : la présence du Diable, l’animalité, le livre comme objet de perversion, les facétieux puttis et les squelettes. Un focus sur la série initialement intitulée Les Démoniaques, rebaptisée Les Sataniques (1882), met en lumière les techniques artistiques utilisées pour décrire la possession de la femme par le Diable. Rops commente : « Il faut surtout que tu éloignes de la tête des gens toute idée d’attaque à la religion, ou ‘d’éroticité’. Le nu n’est pas érotique. Quant à la religion, elle n’est point attaquée ».

C’est à partir du projet inachevé de l’Album du Diable et de La Tentation de saint Antoine que le musée Rops souhaite faire (re)découvrir le volet satanique de cette production artistique controversée. Des œuvres provenant de la Bibliothèque royale de Belgique, du musée Marmottan-Monet (Paris) et de prestigieuses collections privées viennent enrichir les collections du musée Rops, pour le plus grand plaisir des amateurs. Comme l’écrivait Joséphin Péladan à propos de l’univers de Rops : « L’homme pantin de la femme, la femme pantin du diable. »

Musée Félicien Rops. Province de Namur, Rue Fumal, Namur, Belgique

https://www.museerops.be/